Les activités aquatiques ont gagné en popularité ces dernières années, offrant un éventail d’opportunités pour les amateurs de sports nautiques. Cependant, avec cette croissance d’enthousiasme pour l’eau, des risques de santé spécifiques émergent, dont l’OPI, ou Œdème Pulmonaire d’Immersion. Dans cet article, nous explorerons la définition, les causes, les conséquences, la prévention, les conséquences physiopathologiques, et les recherches menées par Anne Henckes, spécialiste renommée de l’OPI.
1. Définition de l’OPI
L’OPI est la présence de liquide dans les alvéoles pulmonaires site à la rupture de la barrière alvéolo-capillaire. Dans un premier temps, dans l’espace autour des capillaires (espace interstitiel) et dans un second temps dans les alvéoles (présence de plasma et globules rouges). Il est essentiel de comprendre les facteurs de risque pour minimiser les dangers potentiels.
2. Causes et Conséquences
Les causes de l’OPI sont liées à des changements soudains de pression dans les poumons, cette complication, moins médiatisée que d’autres, peut se produire lors de la plongée, de la pratique de l’apnée, ou tout simplement pendant la nage, le longe côte, le wind surf, l’aquagym en mer, la marche aquatique, le kite surf, et d’autres sports aquatiques similaires, du moment que l’on est immergé, même partiellement (chevilles). Souvent minimisée en raison de sa rareté apparente, elle représente néanmoins 15% des incidents et est devenue l’une des principales causes d’accidents respiratoires. Nous allons examiner les mécanismes sous-jacents à l’OPI, chercher à les comprendre et évaluer les possibilités de prévention de cet accident.
Les conséquences de l’OPI peuvent être sérieuses, englobant des difficultés respiratoires allant jusqu’à un essoufflement intense, pouvant potentiellement entraîner des complications mortelles si elles ne sont pas traitées promptement et efficacement. Ce trouble est souvent le résultat de multiples facteurs et présente des manifestations variées, n’adhérant pas à un profil spécifique. De plus, il a une tendance à la récidive et est associé à des conditions telles que l’hypertension artérielle (HTA) et l’exposition au froid.
Les symptômes respiratoires d’une victime d’OPI peuvent inclure une toux avec des expectorations mousseuses et rosées, une sensation d’oppression thoracique sans douleur prononcée mais souvent accompagnée d’une impression de danger imminent, un malaise général, parfois même une perte de conscience, et dans certains cas, un arrêt cardio-respiratoire.
3. Facteurs de Risque
- Femmes de plus de 50 ans : Les femmes de plus de 50 ans sont susceptibles d’être plus vulnérables à l’OPI. Les changements physiologiques liés à l’âge peuvent influencer la réaction du corps aux variations de pression et de température.
- Hyperhydratation : Un apport excessif en liquides peut augmenter la pression vasculaire, perturber l’équilibre hydrique et électrolytique du corps, contribuant ainsi à l’accumulation de liquide dans les poumons lors d’activités aquatiques, favorisant ainsi le développement de l’OPI..
- Combinaison Serrée : Les combinaisons de plongée ou de sports nautiques serrées peuvent restreindre la circulation sanguine et augmenter la pression, contribuant ainsi au risque d’OPI.
- Eau Froide : L’immersion dans une eau froide peut provoquer une vasoconstriction, augmentant la pression artérielle et exacerbant les risques d’OPI.
- Stress : Le stress, qu’il soit physique ou émotionnel, peut aggraver la réaction du corps aux changements de pression et augmenter la probabilité d’OPI. La libération d’hormones comme l’adrénaline provoque une poussée de tension.
- Mauvaise condition physique : Une mauvaise forme physique augmente la vulnérabilité à l’OPI. Les muscles respiratoires affaiblis et la capacité pulmonaire réduite accroissent les risques d’accumulation de liquide dans les poumons, compromettant la respiration lors d’activités aquatiques prolongées.
- Hypertension artérielle (HTA) : L’HTA aggrave les risques liés à l’OPI. Une pression artérielle élevée fragilise les vaisseaux sanguins pulmonaires, favorisant l’accumulation de liquide dans les poumons et augmentant la probabilité de complications respiratoires pendant l’immersion.
- Obésité : L’obésité peut aggraver les risques d’OPI. L’excès de poids comprime les poumons, réduit la capacité respiratoire et augmente la vulnérabilité aux complications respiratoires pendant l’immersion.
4. Précautions et Prévention
La prévention de l’OPI repose sur une compréhension approfondie des facteurs de risque et la mise en place de mesures de sécurité appropriées. Il est essentiel de respecter les règles de vos activités aquatique, de surveiller la profondeur et la durée d’immersion, et de consulter un professionnel de la santé avant de s’engager dans des activités aquatiques intenses, en particulier pour les personnes présentant des antécédents médicaux préexistants.
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Il est impératif pour les individus à risque de prendre des précautions spécifiques, même lors d’activités aquatiques apparemment inoffensives.
- Immersion Partielle : L’OPI peut survenir même avec une immersion partielle. Ainsi, il est crucial de rester conscient des risques même lorsque seule une partie du corps est immergée.
- Surveillance de l’Hydratation : Les personnes à risque doivent surveiller attentivement leur hydratation pour maintenir un équilibre adéquat entre la consommation de liquides et l’activité physique.
- Vêtements Appropriés : Choisir des vêtements appropriés, en particulier des combinaisons qui n’exercent pas une pression excessive, est essentiel pour minimiser les risques
- Sensibilisation à la Température de l’Eau : Être conscient de la température de l’eau est crucial, car une immersion dans une eau froide peut aggraver les risques d’OPI.
- Plage surveillée : de préférence optez pour une plage avec des secouristes ou fréquentée
- Ne pas pratiquer seul : pour toutes activités en mer, penser à être accompagné de plusieurs ami-es, ou encore mieux de pratiquer avec un coach.
- S’informer sur les conditions météorologique : S’informer des conditions météorologiques avant toute activité aquatique est crucial pour réduire les risques d’OPI. Les changements météorologiques, comme les températures plus froides ou les vents violents, peuvent aggraver les risques liés à cette complication. Par exemple, une exposition prolongée au froid peut déclencher une vasoconstriction, augmentant ainsi la pression artérielle et les risques d’accumulation de liquide dans les poumons. La connaissance des conditions météorologiques permet de prendre des décisions éclairées sur la pratique des activités aquatiques et d’adapter les précautions en conséquence pour minimiser les risques.
- Longer la côte, plus tôt que de vous diriger vers le large :Lorsque vous pratiquez des activités aquatiques comme la natation, longer la côte au lieu de vous diriger directement vers le large peut être une mesure de sécurité importante. Une immersion partielle, comme celle rencontrée en longeant la côte, peut limiter les risques d’OPI par rapport à une immersion plus profonde en mer ou en eaux plus tumultueuses. Cela permet également de réduire la distance à parcourir en cas de besoin de retour rapide vers la terre ferme en cas de symptômes inattendus ou de détresse respiratoire. En priorisant une proximité avec la côte au début de l’activité, cela offre une sécurité supplémentaire pour gérer tout risque potentiel lié à l’OPI.
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Jusqu’à présent, aucun outil prédictif n’est disponible pour évaluer ou estimer le risque de développer un OPI. Bien que cette condition soit rare, elle peut affecter même des plongeurs jeunes et en bonne santé cardio-pulmonaire. Actuellement, des recherches sont en cours et ces dernières années, le sujet a suscité un intérêt scientifique croissant. Une piste étudiée suggère qu’une prédisposition individuelle à une vasoconstriction excessive lors de situations spécifiques (froid, stress, hypertension artérielle, etc.) peut accroître le risque d’OPI.
À ce jour, aucun traitement efficace n’a été identifié pour prévenir l’OPI, à l’exception du contrôle de l’hypertension artérielle. L’oxygénothérapie monobare à 100% est le seul traitement, en attendant une pris en charge par les secours. Par conséquent, la vigilance concernant les certificats médicaux est primordiale et ne doit en aucun cas être négligée.
4. Recherches d’Anne Henckes, Spécialiste de l’OPI
Anne Henckes, chercheuse de renom à l’Unité de médecine hyperbare du CHRU La Cavale Blanche à Brest, se consacre à l’étude approfondie de l’OPI. Ses recherches visent à mieux comprendre les mécanismes sous-jacents de cette condition, à identifier des facteurs de risque spécifiques et à proposer des stratégies de prévention plus efficaces. Son travail est essentiel pour sensibiliser à l’OPI et développer des lignes directrices médicales qui peuvent contribuer à minimiser les risques associés aux activités aquatiques.
En conclusion, bien que l’OPI soit une maladie rare, la vigilance et la compréhension de ses causes, conséquences, prévention et physiopathologie sont cruciales, surtout à mesure que les activités aquatiques gagnent en popularité. Les recherches de spécialistes tels qu’Anne Henckes sont essentielles pour améliorer la prévention et la gestion de cette condition, assurant ainsi la sécurité des amateurs de sports nautiques.
Sources :
- retour d’expérience d’une élève d’aquagym, qui a eu son œdème pulmonaire lors d’une sortie snorkling en famille
- https://www.codepessm17.org/attachments/article/249/L’OEDEME%20PULMONAIRE%20D’IMMERSION%20(2-2).pdf
- https://www.plongee-plaisir.com/fr/loedeme-pulmonaire-dimmersion-opi/